mardi 6 août 2019

GEORGES



Georges est mort.
Georges était notre voisin d'en face, côté cour.

Il avait avec quelques autres voisins rendu notre arrivée ici bien agréable. Son accueil chaleureux, son sourire, l'intérêt porté à notre projet, le soutien et ses encouragements durant les deux années de transformation de l'école ont été autant de bonnes choses qui nous ont conforté dans notre aventure.

Georges aimait prendre des photographies. 
En prévision de son départ, il avait procédé à un tri drastique de toutes les photos qu'il avait accumulé au fil des ans. Il nous avait donné quelques clichés dont deux de l'école. 
Celle en début d'article datée de septembre mille neuf cent quatre vingt treize, prise devant le préau et cette vue de l'école prise de son terrain et datée de février quatre vingt treize. On y voit la statue de St Joseph à l'enfant. 
A l'époque l'état de cette grande statue en plâtre devait être suffisamment satisfaisant pour expliquer qu'elle n'ait pas été descendue de sa niche. Récemment, Hélène, une ancienne élève de l'école dans l'après guerre, me demandait ce qu'elle était devenue...


 
Georges est la première personne que nous avons accompagné au cimetière du village.
Georges était malade et nous ne l'avons connu que malade. Mais nous avons pu malgré tout découvrir la richesse du bonhomme. 

Un parcours de vie et des activités professionnelles qui l'avaient amené à rencontrer des personnes célèbres du fait de son travail de responsable technique de plateau pour la télévision. 
Sportif accompli, il avait participé à des épreuves de haut niveau. Il y a encore peu de temps, l'infirmière avait rencontré chez Georges un journaliste sportif bien connu de la télé venu le voir chez lui.

Sa mémoire d'éléphant, son gout du récit et son humour rendait les histoires qu'il nous racontait captivantes.
Georges, en bricoleur patenté, avait installé une radio sur son déambulateur acheté sur le Bon Coin...
La musique précédait ses pas et, si le portail était ouvert, il n'hésitait pas à venir nous saluer.

Les derniers mois furent difficiles et il dût quitter sa maison à la fin de l'hiver.
Je garderai en mémoire le dernier déjeuner partagé avec lui il y a deux mois dans l'institution où il avait choisi d'aller. Le repas démesurément allongé du fait de ses problèmes de coordination motrice ne l'avait pas empêché de raconter longuement sa petite enfance comme réfugié pendant la guerre à Argenton les Vallées (Argenton le Château à cette époque).
Nous nous étions quitté en nous promettant de déjeuner à Bressuire à la fin de l'été.

Georges avait vendu sa maison en la quittant. 
Depuis un jeune couple s'y est installé. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire