lundi 1 octobre 2018

VIRGULE



Virgule notre petite chienne nous a accompagné dans l'aventure de l'école dès sa découverte.
Elle était là avec nous cet après midi de printemps il y a deux ans, quand nous avons franchi la porte du préau pour la première fois. Ni une ni deux, elle s'en était allée marquer son territoire et, les sens aux aguets, découvrir de nouvelles effluves.

Elle a fait tous les allers retours, coincée entre bagages et matériel sans jamais se plaindre ni protester.

Un peu perdue entre l'ancienne maison, l'intermédiaire et l'école, elle s'est quelques fois égarée mais nous l'avons toujours retrouvé.

Elle a partagé tous les moments avec ses maitres, de la vie de bivouac par tous les temps, au bonheur du confort cosy dans la fourgonnette, allongée sur la moquette bien au chaud quand l'hiver souffle sa bise dehors.

Son poil frisé s'est chargé de tous les matériaux disponibles sur le chantier, accumulant poussière et débris disponible. Avec ses pattes elle nous a ramené terre mouillée et poussière de plâtre, pour notre plus grand bonheur.

Je ne sais si on peut inverser la formule mais nous lui avons fait vivre une vraie "vie d'homme" depuis deux ans, perturbant ses habitudes à un age où elle aurait pu espérer tranquillité et stabilité

Discrète, très peu aboyeuse, sympa avec les enfants, Virgule se faisait vite acceptée par nos visiteurs.
Depuis presque quinze ans, elle faisait en quelque sorte partie de la famille

La petite Virgule n'avait pas que des qualités - quel être peut y prétendre ? -, préférant parfois pisser au chaud dans la maison plutôt que dehors et aimant  manger l'intérieur des chaussures, jetant de façon mystérieuse son dévolu sur les chaussures de femme...

Nous pestions, nous demandant parfois si la présence d'un animal de compagnie était  une bonne idée...particulièrement dans cette période de nomadisme.
Mais Virgule était là et bien là.

Et puis, il y a l'attachement des minots à ce petit animal.
Le caresser, lui tirer les oreilles, la promener à la laisse, lui courir après, prendre de ses nouvelles, demander à en assurer la garde.
Bref, grandir avec et apprendre à aimer et respecter un animal.
Et rêver d'en avoir un ou à défaut, quand les parents sont rétifs, proposer aux grands parents d'en adopter un autre cabot quand Virgule serait partie...

Car nous leur avions dit que Virgule vieillissait et ils le constataient eux mêmes.
La dégradation de son état de santé ces derniers mois rendait plus difficile son approche et la perte progressive de la vue empêchait tout jeu.

Il a fallu s'y résigner, lui éviter la souffrance et l'inconfort de vivre.
Ce weekend Virgule n'était pas du voyage

                              Un chien s'endort
                              Il tient sa tête entre ses pattes
                              Maison de chrysanthèmes

                              Aratika Morikate

I

6 commentaires:

  1. Je l'ai mis en terre
    Là où le vent d'automne
    N'atteindra pas son oreille

    Sôseki (à la mort de son chien Hector)

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    1. Merci cher Anonyme

      Virgule avec nous
      Petit signe après les maux
      S'en va point final

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  2. Petit chien, mais grande tristesse. A une autre époque d'autres minots partageaient leurs jeux avec une Tina, la séparation fut également difficile, mais la vie continue avec plein de souvenirs souvent très drôles.

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    1. Ce qui est particulier avec les chiens c'est que leur vie, relativement courte, marque une période, une époque assez précise de nos propres existences. Nous avons eu avant Virgule, quatre autres chiens, Souki, César, Dixi et Maya. Chacun d'entre eux est attaché à des lieux et des séquences bien déterminés. Ce sont des clés de mémoires qui ouvrent à l'évocation de leurs noms, des portes sur nos souvenirs, parfois drôles, souvent émouvants, quelquefois dramatiques. Virgule est morte à un moment sensible de ce passage de nos vies, entre deux saisons.
      Le Haïku de Sôseki a su dire l'essentiel en quelques syllabes et cela m'émeut beaucoup.
      Virgule sera dans nos mémoires attachée à cette période vécue en bord de mer.
      Entre deux rives.
      Entre deux maisons.

      Tina est reliée à Pierre et à l'époque insouciante de l'enfance et des vacances. Un monde où il fait bon retourner.

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  3. Elles s'appelaient Laîka, Fidji, Cannelle... chienne d'enfance qui réconforte, chienne voyageuse qui nous a suivie dans nos déménagements et chiennes plus sédentaires lors de la retraite.Les mots ci-dessus me touchent beaucoup, pour nous aussi elles sont liées à des lieux, à des maisons à des événements familiaux. Elles étaient là tout simplement...

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    1. C'est aussi l'occasion pour les enfants d'approcher la mort. Camille, trois ans me demandait hier quand Virgule allait revenir. Son grand frère avait pourtant tenté la semaine dernière de lui expliquer à sa façon qu'elle était définitivement partie. Visiblement les explications n'ont pas été convaincantes...L'absence définitive, la disparition pour un petit minot ne sont pas des concepts facilement accessibles. Je lui ai promis une photo de lui avec la chienne.

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